Musiques scandinaves

Origine des musiques suédoises: Interview de Guy Pétillon

« Bavardage » avec Guy Pétillon, où il nous  raconte le lien étroit qu’il tisse depuis quelques temps avec ce qui fait l’essence même de notre association : la musique et la danse suédoise.
Qu’as-tu donc choisi d’étudier lors de ta première année de master en étude scandinave ? Mon sujet de mémoire portait sur les musiques populaires en Suède entre 1800 et 1950 : l’étude des influences extérieures et les traditions locales liées à ces pratiques.

Stoskholm vue depuis Langsholmen en 1850 @wikipedia
Comment arrive-t-on à un tel sujet ? Je sais que tu as appris la cornemuse à la Piposa dans le nord de la France et que ton papa joue du violon et a croisé quelques fois les chemins de la Dicop, y a-t-il un rapport entre tout cela ? Le rapport n’est pas direct,  après le bac j’ai été attiré par l’histoire de l’art et la langue suédoise et c’est petit à petit en lien sans doute avec mon imaginaire que je me suis rapproché de ce thème lié aux musiques traditionnelles.
Ce sujet venait-il en partie de tes professeurs ? En aucune façon car c’était une sphère qui leur semblait complètement étrangère, j’ai réussi à attiser leur curiosité puis à les convaincre qu’il y avait quelque chose de riche derrière ce sujet.
Quelles ont été tes sources et ta méthode pour mener cette recherche ? J’ai commencé par constituer une bibliographie en consultant les archives, en recherchant dans l’ethno musicologie suédoise, les experts, les chercheurs et les ouvrages de référence qui m’ont permis de délimiter mon sujet puis je me suis basé sur les recherches folkloristes et les recherches de collectages réalisées en Suède tournant 19ième 20ième  .
Tu as fait cela en Suède ? Pas du tout, j’étais à Paris pour cette phase et je crois d’ailleurs qu’il y là une des meilleures, peut-être la meilleure bibliothèque scandinave européenne ( hors pays scandinave bien sûr !) :
La bibliothèque  Sainte Geneviève.

La salle de lecture de la bibliothèque Sainte Geneviève – @Wikipedia

As-tu rencontré des difficultés ? Elles ont été essentiellement liées d’une part, à la marginalité du sujet qui partait un peu dans toutes les directions, au fait qu’il a fallu le délimiter  et d’autre part qu’il n’y avait pas vraiment eu de précédent en France ;  mes professeurs même s’il m’ont conseillé en méthodologie n’ont pas vraiment eu un regard critique sur mon travail.
Est-ce que cela t’a amené à te poser les mêmes questions sur des phénomènes équivalents en France ? En fait, oui car ce qui m’a surtout intéressé dans ce mémoire, c’était de voir le développement de la figure du musicien populaire «  le speleman » et de voir le rôle qu’il avait pu jouer dans les sociétés rurales et en même temps tout l’imaginaire populaire qui pouvait y être associé. Le parallèle avec une autre culture est sans doute vraiment  intéressant et c’est pour moi une piste que j’ai derrière la tête !
Tu as donc parlé de l’influence extérieure sur ces pratiques ? Il y avait trois parties principales, la première est la figure du musicien populaire en suède, dans la deuxième j’ai cherché à retracer l’historique  de la danse en Europe puis à comprendre les échanges entre les milieux populaires et bourgeois. Il y a eu a peu près un siècle et demi d’aller-retour entre les bals mondains et les bals populaires.
Est-ce que tu peux nous dire ce qui t’a marqué à travers cette recherche ? Ce que je retiens surtout, c’est le fait que les cultures citadines et rurales ont toujours été intimement liées. Mais également le travail très important de collectage où tout a été annoté. Ce travail avait été amorcé par un juriste Nils Andersson et un peintre Anders Zorn qui ont voulu dans un premier temps en conserver la trace puis lui redonner vie notamment à travers des concours d’instrument dont le premier a eu lieu en 1906. C’est à ce moment là que le mouvement de revivalisme a pris une ampleur nationale et que les premiers musicologues ont pu approchés ces musiciens et transcrire leur répertoire. C’est depuis cette époque que les airs sont écrits « d’après un tel… » / « efter … » ce qui situe le musicien et non le collecteur.

Anders ZORN


Est-ce qu’il y a eu une influence des pays limitrophes dans cette évolution ? C’est difficile de dissocier les cultures suédoises des cultures norvégiennes, danoises et  finlandaises liées à une unité culturelle. Par contre, pour ce qui est des musiques de cours, des danses de société, il y a eu une importation depuis les grands centres d’Allemagne, d’Italie et de France.
Et de l’origine de la polska, qu’en dis-tu ? L’hypothèse la plus souvent retenue est que c’était une danse populaire de Bohème qui a fini par remonter en Allemagne et en Europe du Nord comme une danse de société. Puis, elle a été rediffusée dans les classes populaires avec les caractéristiques qu’on lui connait aujourd’hui.
Quelles sont tes projets actuels ? Je suis actuellement à Stockholm pour ma deuxième année de master qui débouchera sur un second mémoire autour des lieux de pratique (salles de bal, parquets…). C’est comme une étude sociologique sur les pratiques, les coutumes, les musiciens qui jouaient, le rapport entre les orchestres de cuivres, l’arrivée de l’accordéon qui grimpaient et la musique populaire qui traversait dans ces années de début du siècle une phase de dépréciation liée à l’émergence de la classe ouvrière.  

Que pense un jeune étudiant français de 21 ans de la société suédoise actuelle ? La culture suédoise est basée sur beaucoup de libertés et de confiance mutuelle. L’accès à la nature, à la culture et à la scolarité semble primordial.
J’ai été très heureuse d’avoir ce « bavardage » avec Guy, cela m’a vraiment donné envie de lire son mémoire pour pouvoir vous en raconter encore davantage une prochaine fois…  
Fanette

Auteur

cmtnscandinavie@gmail.com

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