Vu dans la revue « LIRA » (l’équivalent de « Trad mag » en Suède). 
Article traduit du suédois par Éléonore Billy
Tiré du bulletin 67 du CMTN

Le nyckelharpa conquiert la France

La petite ville de Mirecourt en France est connue comme un des hauts lieux de la lutherie dans le monde.

Mirecourt +Wikipedia

Là-bas, c’est plus facile de trouver un atelier de lutherie qu’un Tabac. Pour un suédois, cette ville mérite une visite.

En effet, on y construit aujourd’hui aussi des nyckelharpas. Quel honneur d’être fabriqué dans ce milieu, où les violons et violoncelles reconnus mondialement sont fabriqués depuis des siècles !

Le luthier s’appelle Jean-Claude CONDI, 45 ans, dont l’atelier a vendu une centaine de nyckelharpas, principalement pour des français mais également en Espagne, Italie et Belgique. L’intérêt pour l’instrument mais aussi pour la musique suédoise en général grandit rapidement en France aujourd’hui.

L’impulsion du départ dans son métier de luthier ne vient pas de Suède mais plutôt du fait que Condi a acheté quelques ébauches de nyckelharpas à un autre français. La suite était alors en route. Son atelier est certainement le plus grand parmi tous les ateliers de nyckelharpas, et il compte aussi la visite de quelques élèves luthiers et d’un employé.

Jean-Claude Condi dans son atelier @estrépublicain

J’arrive dans un festival de musique traditionnelle dans un village de Lorraine. La première chose que je vois est un parquet de danse, des danseurs et quelques musiciens. Quand je m’approche, je m’aperçois qu’ils dansent la polska, et les musiciens jouent des airs suédois. Aucun danseur ne danse vraiment bien… mais ils sont tous débutants…

Le soir, il y a un concert avec des musiciens suédois dans l’église du village. Tous les sièges sont occupés.

Plus tard c’est le bal. Divers groupes jouent, entre autre un ensemble de musique française avec du violon, nyckelharpa et des danseurs qui essaient de faire tourner des polskas.

Les musiciens suédois sont demandés par tous les niveaux élevés, autant pour les concerts que pour animer les stages.

L’été il y a un grand réseau de festivals de musique traditionnelle en France et beaucoup ont adopté la Suède.

Mais tout ça ne fait pas partie d’un phénomène nouveau. Une association encourage et promeut l’intérêt pour la musique nordique – CMTN Connaissance des Musiques Traditionnelles Nordiques – depuis déjà 17 ans.

Elle organise des cours, stages, concerts et a enregistré des CD en partenariat avec la radio française.

« il y a vraiment beaucoup de très belles mélodies en Suède, raconte un professeur de musique. »

Un festival de musique traditionnelle à côté de Paris au printemps 2004 – on y retrouve des artistes de Norvège, Pologne, Finlande et Suède – le souvenir qui reste le plus dans ma mémoire après quelques jours en France. Quand le festival ferme ses portes, les scènes enlevées, les tentes démontées. Il reste 4 personnes assises, 2 français et 2 suédois jouant du nyckelharpa sur un banc. Quelques spectateurs affluent et se rassemblent, s’assoient dans l’herbe, écoutent étonnés, posent des questions.

Le nyckelharpa vient de prendre racine dans un pays !

Peo Österholm