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Une luthière en Suède

Rencontre avec Astrid Pullar, luthière à Östersund, province du Jämtland, en Suède

Astrid Pullar a animé avec Jean-Claude Condi un atelier « Fabrication d’instrument/lutherie » dans des stages à Pierrefontaine-les-Varans.


 
 

Nous l’avons rencontrée dans son atelier à Östersund cet été, cela a été l’occasion de discuter de son parcours et de son travail de luthière.

Astrid est originaire de la région de Västerås dans l’ouest de la Suède, à 100 km de Stockholm. Sa maman, suédoise, et son papa, anglais, ne sont pas musiciens…mais ils ont beaucoup encouragé leurs enfants à pratiquer un instrument et ils chantent beaucoup, surtout son papa lorsqu’il a un peu bu pendant les fêtes…

Astrid a débuté l’apprentissage du piano vers 8 ans puis le violon vers 12 ans… Après des études d’écologie humaine, des « petits » métiers et des voyages/séjours (une année en France par exemple), elle revient en Suède. Un jour, elle rentre dans l’atelier d’un luthier pour y faire réparer son archet et là, c’est sûr, elle décide que ce sera maintenant son métier. Elle savait alors qu’elle travaillerait avec ses mains. Elle se dirige vers une formation en lutherie.

En 1982, elle intègre la folkögskola (Université Populaire) de Leksand, petite ville sur les bords du lac Siljan. La formation dure 4 années. A Leksand, passa par là un fameux violoniste, Rickard Näslin, elle le suivit dans son village du Jämtland, ils y vivent près d’un lac depuis 1986… Astrid fut d’abord « apprentie » chez des maîtres luthiers avant de devenir elle-même « compagnon luthier ».

Elle choisit de s’installer à Frösön près de la ville d’Östersund dans le Jämtland, pas très loin de chez elle, dans une région où il y a beaucoup de tradition de violon (classique et traditionnel). Ici, il n’y a pas d’autres luthiers si ce n’est quelques « bricoleurs » autodidactes. Il est difficile d’avoir des relations professionnelles proches avec d’autres luthiers en Suède très éloignés les uns des autres dans ce grand pays. Ils ne sont pas si nombreux, beaucoup sont amateurs, et il n’y a pas spécifiquement d’ « école suédoise » de lutherie comme on peut le trouver en Italie, en Allemagne ou en France. Pourtant, ils arrivent à se retrouver parfois à Stockholm, ils y ont même organisé une exposition de lutherie.


 

Autour d’Östersund, il y a beaucoup de gens qui jouent du violon, amateurs et professionnels. Cependant, on n’y rencontre pas de groupes ou orchestres. La région étant peu peuplée, les musiciens jouent dans des formations qui sont dans les grandes villes. Beaucoup de violons ne sont pas de très bons instruments. Une très grande partie du temps d’Astrid est donc consacrée à l’entretien, la réparation, la remise en état. Elle essaie d’être au plus près de l’attente et des exigences des gens, et comme elle ne sait pas dire « non »…

On lui confie désormais des violons, violoncelles et archets précieux… de quoi tomber dans l’angoisse du luthier, d’autant plus qu’elle doit se confronter à la très difficile technique des vernis…

Astrid ne fabrique pas souvent de violons, elle ne gagnerait pas sa vie. Afin de se perfectionner et pour découvrir d’autres méthodes de travail, Astrid a voyagé. Elle est allée à Mirecourt à l’Ecole Nationale de lutherie, mais aussi chez d’autres luthiers en France, en Italie et en Angleterre. Le mari de sa sœur, luthier réputé à Stockholm et formé à Crémone en Italie, lui a prêté ses yeux et l’a aidée à bien « voir » ce qui concerne la fabrication de son propre violon, en particulier la table d’harmonie. Maintenant, elle a reçu son diplôme de « maître luthier » et est affiliée au Centre des métiers d’arts.

Et à chaque printemps, elle fabrique quelques sälgflöjt (flûtes harmoniques) en saule, histoire de fêter en musiques douces la fin de l’hiver.

Astrid est bien sûr musicienne. Elle joue du violon, elle a constitué maintenant son propre répertoire. On la retrouve pour des concerts en duo avec Rickard Näslin ou en « bande » avec le spelmannslag d’Östersund. Elle chante beaucoup (certains se souviennent des « Rencontres » à Embraud) en s’accompagnant de sa citra (cithare suédoise). Vous pouvez l’entendre sur le CD co-produit avec Ocora/Radio France « Entre triol et sextondel ».

Connaissant bien notre luthier fabricant de nyckelharpas et d’archets Jean-Claude Condi, elle souhaiterait que son lieu de travail devienne aussi un lieu de « passage » pour la vente et l’achat de nyckelharpas entre la Suède et la France.

Auteur

cmtnscandinavie@gmail.com

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