MIKAEL MARIN
L’ALTISTE DU GROUPE VÄSEN
J’ai toujours été un musicien “de groupe”. Je ne me suis jamais considéré comme un accompagnateur. Ma façon de jouer des harmonies et des deuxièmes voix, développée au fil des ans, occupe une place aussi importante que celle du soliste. Mais au cours des deux derniè�res années, j’ai beaucoup plus travaillé l’aspect mélodique. Et j’y ai trouvé une nouvelle satisfaction.
Quels instruments pratiquez-vous ?
Maintenant je ne pratique plus que sur un violon 5 cordes, un alto à 5 cordes Polona construit par Per Klinga en 2005 et le Grande Violono(une octave au dessus du violon avec un si dans l’aigu: G,D,A,E,B) construit en 1967 par Hans-Olov Hansson.
J’ai commencé sur un instrument à cinq cordes sur “l’art de lafugue” de Bach. Je jouais avec trois violoncellistes et je faisais la partie ténor pour laquelle j’avais besoin d’un instrument à cinq cordes. J’ai contacté Per Klinga qui a conçu le prototype de l’instrument que j’utilise aujourd’hui. Ainsi, quand il m’a montré ce modèle, le Polana, je pense ne l’avoir essayé que cinq minutes avant de l’acheter. Depuis, je ne m’en sépare plus.
(Mikael Marin a maintenant aussi un violoncello da spella, un très gros violon ou un petit violoncelle, construit par Per Hardestam)
Vous composez beaucoup. Ne trouvez vous pas assez de matière ans le répertoire traditionnel ?Comment composez vous?
Il y a tellement de superbes airs traditionnels et j’adore les jouer. Mais je suis aussi qu’un de très créatif, qui a besoin de s’exprimer dans la composition, notamment de nouveaux airs. Dans le passé, la plupart des violoneux de Suède de ma génération ont composé de nombreux nouveaux airs. Donc on peut dire que je contribue ainsi à garder la tradition vivante. Lorsque je compose une mélodie, elle arrive comme un thème que je mémorise, puis je développe le morceau sur mon instrument. Je l’écris rarement, je le garde seulement en mémoire. Quand il s’agit d’arrangements ou de composi�tions plus complexes, avec une structure polyphoniques, j’avais l’habitude d’utiliser le papier/crayon. Maintenant, j’utilise surtout l’ordinateur. Lorsque j’écris de a musique, je pense avant tout que cela doit être amusant et intéressant à jouer. Souvent, mes compositions peuvent sembler compliquées, parce que j’aime la complexité en musique. Mais j’essaie de trouver la technicité adaptée à chaque musicien pour qui je compose.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la musique trad’ en Suède au cours de ces dix dernières années ?
Je me souviens que lorsque nous avons formé Väsen vers la fin des années 1980, il n’y avait pas beaucoup d’autres groupes, peut-être une poignée. Depuis cinq à dix ans et jusqu’à aujourd’hui, la scène folk suédoise s’est remplie de jeunes groupes de qualité différente. Le gros problème, c’est que les salles et les spectateurs n’ont pas grandi dans les mêmes proportions que les groupes qui veulent se produire. Concernant l’évolution la musique, mon sentiment est que beaucoup de nouveaux groupes sont un peu dans le même moule. J’aimerais entendre quelque chose de plus novateur. Je suppose que, d’une certaine manière, c’est le débat entre tradition et culture populaire qui traverse notre courant musical.
Vous tournez beaucoup à l’étranger. Comment cela change-t-il votre pratique ?
En tant que musicien “voyageur”, je me sens de plus en plus comme un citoyen du monde. Ma musique m’ouvre des portes, et il devient possible de communiquer sans les mots. Lorsque je rencontre des musiciens intéressants, bien sûr qu’ils m’inspirent. D’une certaine manière, ils imprègnent ma musique. Les années de tournées m’ont rendu plus curieux de toutes ces choses hors de notre petite société suédoise.
Vous êtes aussi un fin connaisseur de bières. Vous composez des mélodies. Alors, quand allez-vous brasser votre propre bière ?
Ah ah ! Eh bien, je n’ai pas de date pré�cise à vous donner. Mais je dirais que si j’avais le temps et le budget, je commen�cerais tout de suite ma propre brasserie. Je vous assure que la prochaine fois que nous nous rencontrerons, je viendrais avec ma bière brassée maison.
photo de Mia Marin
Olov Johansson
nyckelharpiste virtuose, est l’un des fondateurs de Väsen.
« Quand je joue avec Mikael, cela me donne le sentiment d’être “comme à la maison”. Mais une maison musicale constamment renouvelée, affi�née et changeante selon la passion musicale du moment. Cela me donne une confiance et une sécurité, musicales bien sûr mais sans cesse abreu�vées de surprises et d’idées nouvelles. La première fois que j’ai rencontré Mikael, c’était dons un “spelmannsstamma”, une rencontre de musiciens à Uppsala quand nous étions encore adolescents. J’ai entendu ce groupe, qui jouait des airs que j’avais appris de mon maître, Curt Tallroth. Après une longue session, il n’y avait plus que Mikael et moi qui échangions des morceaux : “Connais-tu ce morceau ?” — “Oui.” Et on le jouait. “Et celui là. tu le connais ?”— “Oui !’ Et on enchaînait. Cela dura un long moment et puis nous avons découvert que Mikael avait étudié avec Ivar Tallroth. le frère aîné de Curt. Nous avions donc reçu au départ les mêmes répertoires, style et tradition. Quelques mois plus tard, je me suis souvenu de celte amusante rencontre musicale. Et j’ai tenté d’entrer en contact avec Mikael, pour lui demander si nous pourrions jouer ensemble en diverses occasions. C’était avant internet et autres portables, alors je suis allé au village, dans le magasin de mon oncle, où ils avaient les annuaires télé�phoniques de l’ensemble de la Suède. Je n’ai pas trouvé de Marin Mikael à Stockholm, mais j’ai trouvé une famille Marin vers Enköping, ses parents pensais-je. Quand je suis rentré, mon père m’a dit que quelqu’un avait appelé pour me parler, qu’il rappellerait. J’ai appelé les parents de Mikael et j’ai obtenu son numéro à Stockholm. Avant même de décrocher pour composer son numéro, le téléphone a sonné : c’était Mikael qui demandait si nous pouvions aller à un “spelmannsstämma”, dans le nord de la Suède et faire de la musique ensemble. Même jour, même pensée… Ensuite, nous avons joué ensemble régulièrement, et environ six ans après nos retrouvailles, nous avons formé Väsen avec Roger Tallroth. »
Merci à Jacques Leininger pour son aimable autorisation.
Une vidéo pour illustrer cet article: écoutez la ligne de basse de Mikael Marin avec son nouveau violon bleu sur cette superbe Adventspolska!