Archives Bulletins / Peinture / Suède

Peinture : Peintures paysannes de Dalécarélie

Texte communiqué par le musée de Leksand
Tiré du bulletin numéro 69 du CMTN
On appelle DALMÅLNINGAR (peinture dalécarlienne) la peinture populaire qu’exécutèrent les peintres autodidactes de Dalécarlie entre 1780 environ et 1870.
La Dalécarlie est la première province de Suède à avoir été découverte par les touristes. Aujourd’hui encore, on la considère comme une Suède en miniature.
Les costumes populaires aux multiples coloris, l’originalité de l’architecture, la richesse de l’art populaire – peinture et musique – et la volonté de conserver les anciennes traditions y ont attiré les voyageurs pendant plus de deux siècles.
On commence à peindre des roses
La peinture dalécarlienne s’est épanouie dans la partie de la Dalécarlie où l’agriculture et l’exploitation forestière constituent les ressources principales, la haute Dalécarlie que beaucoup appellent la Dalécarlie proprement dite. Les paysans de cette région étaient propriétaires depuis des générations, même si leur lopin de terre était parfois réduit. La population de cette Dalécarlie paysanne vivait dans de petites maisons en bois qui avaient une ou deux pièces. Les gens passaient la plus grande partie de leur vie dans leur logis où ils préparaient leurs repas, mangeaient, dormaient et effectuaient toutes sortes de besognes et de travaux d’artisanat. Le mobilier se composait principalement de meubles fixés aux murs, lits, bancs, étagères et armoires, ainsi que d’une table sur le plancher. Lorsque les âtres eurent été améliorés et que les maisonnettes furent pourvues de vraies cheminées, on put rendre les demeures plus agréables en décorant ce cadre de la vie quotidienne. On fit peindre l’armoire et les lits et peu à peu se forma une corporation de peintres, d’abord dans la commune de Rättvik, puis tout près, dans celle de Leksand.
La peinture décorative du mobilier, avec la peinture dite « à la rose » constitue le début et la base de la peinture de personnages qui trouve sa forme plus ou moins définitive vers 1790.
En Dalécarlie, la population vivait aussi isolée des influences extérieures que la plupart des habitants des communes agricoles du même genre. Il est vrai que d’assez nombreux dalécarliens allaient travailler au centre de la Suède, particulièrement pendant la période de l’année où l’agriculture n’avait pas besoin de bras.
Un petit monde
En réalité, le monde dans lequel on vivait était très petit. Il comprenait le hameau, les hameaux avoisinants et le village où se trouvait l’église, où l’on allait aussi souvent que possible afin d’apprendre les dernières nouvelles. L’église – où il y avait parfois des peintures à examiner durant le prêche du pasteur – représentait le seul monde familier en dehors du petit monde environnant : le monde de la Bible avec tous les personnages bien connus qui le peuplaient.
C’est de ce monde que le peintre dalécarlien tirait la plupart de ses motifs. Pour que la majorité de la population du pays, qui, à cette époque était analphabète, puisse tout de même « lire » son histoire biblique, on avait publié au cours du XVIIIème siècle un certain nombre d’éditions de Bibles en images où les principaux faits étaient représentés tandis que le texte demeurait secondaire.
La Bible et le magazine de mode
Ces illustrations, dont une partie figurait déjà dans la traduction de la Bible en suédois publiée en 1618 avaient été composées à l’origine dans le Nord de l’Allemagne vers 1580. Les recherches effectuées au cours des cinquante dernières années sur la peinture dalécarlienne ont montré que le peintre dalécarlien  est resté très fidèle aux modèles de la Bible en images.
Il situe les personnages, les bâtiments et les choses comme ils sont placés les uns par rapport aux autres dans le modèle. La composition de l’image est donc souvent un emprunt. Mais ce n’est que la « charpente » de l’œuvre, car ensuite l’artiste donne libre cours à sa fantaisie et à sa joie créatrice. Il habille ses personnages dans les vêtements que l’on portait, les jours fériés, dans la paroisse, il peint les maisons et les plantes en couleurs gaies, il embellit et décore à plaisir. On ne connaissait pas en Dalécarlie la ville de Jérusalem, mais on était allé à Falun, la capitale de la province, et les maisons devaient bien être aussi hautes et aussi belles à Jérusalem que dans les villes de Dalécarlie.
Parmi les autres sources d’inspiration des peintres dalécarliens, on peut également citer les livres de piété et les magazines de mode illustrés.
Même si ce sont les motifs bibliques qui dominent dans le monde d’images de la peinture dalécarlienne, on trouve également des représentations de scènes populaires et des portraits de la famille royale et d’autres personnages historiques.
Le « kurbits » symbole de la vie et de la mort
« Voici des roses et des fleurs qui poussent en hiver comme en été » dit le texte d’une peinture datée de 1797 qui est l’œuvre du plus remarquable précursseur de la peinture dalécarlienne, Winter Carl Hansson, de Leksand (1777-1805). Ces « roses et fleurs » ont reçu dans la peinture dalécarlienne le nom de « KURBITS ».

Ålderstrappan Målad av Winter Carl Hansson (1777-1805), Yttermo
Par « kurbits » et « peinture kurbits » on entend l’ornementation florale stylisée qui fut élaborée dans la peinture des meubles durant la décade 1790-1800 pour agrémenter ensuite les peintures sur toile ou sur papier attachées aux murs des chalets au-dessus des boiseries. Le nom de « kurbits » (courge) vient du livre de Jonas, dans l’Ancien Testament, où cette plante apparaît comme un symbole de la force vitale foisonnante et du dessèchement de la mort (Livre de Jonas, chapitre 4).
Chaque peintre dalécarlien représente le « kurbits » à sa manière et cet ornement, qui trouve toujours sa place dans les illustrations, est devenu la caractéristique principale de la peinture dalécarlienne.
Bibliographie
Svärdström, Svante « Dalmålningar », Stockholm 1944
« Dalmålningarna och deras förlagor » , Lund 1949
« Dalmålningarna i urval », Stockholm 1957

« Dalmålningar » au Leksand museum
Carl Johan. Målad 1834 av Back-Erik Andersson (1778-1847), Ullvi
Brudkista från 1832 Dekorerad av Mats Persson Stadig
Jonas sitter under Kurbissen Målad 1815 av Saras Anders Persson (1800-1873), Laknäs
De tre vise män Målad 1826 av Mats Persson Stadig (1786-1862), Bjursås
Ålderstrappan Målad av Hjelt Per Persson (1821-1886), Lima
D’autres peintres de « Dalmålningar »
  • Målar Erik Eliasson (1754-1811), Utanåker, Rättvik
  • Jufwas Anders Ersson (1757-1834), Ullvi, Leksand
  • Back Olof Andersson (1767-1820), Ullvi, Leksand
  • Saras Per Persson (1768–1843), Laknäs
  • Karas Anders Larsson (1781-1862), Nittsjö, Rättvik
  • Larshans Per Olsson (1786–1863), Björkberg
  • Snarf Anders Andersson (1795–1850), Ullvi
  • Mats Olof Anderson (1798-1876), Västanå, Boda-Rättvik
  • Ifwares Daniel Andersson (1799-1870), Rovgärdet, Rättvik
  • Kers Erik Jönsson (1802-1851), Lima, Leksand
  • Lisserkers Olof Olsson (1803-1874), Lisselkog, Rättvik
  • Lind Lars Matsson (1807–1839), Östanmor
  • Larshans Per Persson (1820–1879), Björkberg
  • Hjelt Per Persson (1821-1886), Lima, Leksand
  • Stikå Erik Hansson (1823-1897), Risa, Mora
  • Mats Anders Olsson (1824-1878), Västanå, Boda-Rättvik
  • Sömskar Lars Larsson (1824-1905), Tibble
« Dalmålningar » à Bingsjö, Danielsgården
Bingsjö : « Kurbits », détail
peinture sur toile, au mur
Photo J. Rostagni, aoüt 2005
Bingsjö : peinture sur bois au plafond
Photo J. Rostagni, aoüt 2005

Josiane Rostagni, Brétigny-sur-Orge, septembre 2005

Auteur

cmtnscandinavie@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *